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-//Les développements récents me poussent à refaire la rédaction ​de cette pagece qui devrait arriver dans les jours à venir...//+// Au départ ce billet était un article ​de vulgarisation, qui s'est transformé en brouillon de recherche au fur et à mesure que j'​avançais mes idées et que je découvrais celles des autresIl mériterait une refonte, quand j'en prendrai le temps. //
  
 ====== Introduction ====== ====== Introduction ======
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 ====== Réponse à Science4All ====== ====== Réponse à Science4All ======
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 +Dans [[https://​www.youtube.com/​watch?​v=IghfFlXK__U|une de ses vidéos]], Science4All montre que les suites définies par récurrence linéaire non barycentriques à une série convergente près peuvent être sommées de façon unique en respectant la linéarité,​ la stabilité et la régularité. De plus, il a défié la communauté de pouvoir prouver la réciproque,​ à savoir qu'il n'y a pas d'​autre suite pouvant être sommée de façon unique par ces règles. Je pense avoir une preuve...
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 +Prenons une suite $(x_n)$ et supposons qu'il est possible en utilisant seulement ces trois règles de pouvoir déterminer une valeur unique à la série $u = \sum x^n$. Cela revient donc de passer de l'​équation initiale $u = u$ à l'​équation $u = C$ où $C$ est une série convergente. Ensuite, par régularité une valeur réelle a pu être attribuée à la série divergente $\sum x^n = \ell$. Pour travailler avec les équations, nous ne nous autoriserons qu'à ajouter des deux côtés une même série, ou à multiplier chaque côté par un scalaire. Plus formellement,​ l'​ensemble de règles utilisé est :
 +  * $t_1 = t_2 \rightarrow t_1 + C = t_2 + C$ où $C$ est une série
 +  * $t_1 = t_2 \rightarrow \alpha t_1 = \alpha t_2$ où $\alpha$ est un réel
 +  * $t_1 = t_2 \rightarrow t_1= t_3$ où $t_3$ est obtenu par linéarité à partir de $t_2$, ou $t_3 = e(t_2)$(($e$ consiste à rajouter un zéro devant la suite.)).
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 +Comme nous partons de $u = u$ pour arriver à $u = C$, le terme $t_1$ devra rester globalement constant. En fait, la seule succession d'​opérations permettant de le modifier momentanément pour ensuite y revenir est :
 +$$u = \alpha u + t$$
 +$$u - \alpha u  = t$$
 +$$(1 - \alpha)u ​ = t$$
 +$$u  = \frac{t}{(1 - \alpha)}$$
 +pour $\alpha \not=1$, bien sûr. En effet, les autres possibilités avec les règles données ne permettent que de retomber sur l'​équation de départ. En remontant depuis le résultat $u = C$, cette succession d'​opération ne permet que de faire apparaître plus haut une équation de la forme $u = \alpha u + (1 - \alpha)C$, donc une occurrence de la série avec un coefficient,​ et une série convergente.
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 +Les autres transformations ont été obtenues en modifiant le terme à droite. Nous supposons qu'il a été possible d'​obtenir un résultat unique $u = C$ en partant de l'​équation initiale $u = u$. Le membre droit construit pour arriver à ce résultat n'a pu utiliser que $u$, des séries convergentes,​ des applications successives de $e$ et la linéarité. Notamment, il n'y a qu'un nombre fini $n$ d'​applications de $e$.
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 +Notez que pour toutes suites $v$ et $w$ nous avons que $e(\alpha v + \beta w) = \alpha e(v) + \beta e(w)$ donc il est possible de faire rentrer les applications successives de $e$ à l'​intérieur des multiplications et sommes. De plus, les séries convergentes sont stables par linéarité et stabilité. Donc ce membre droit est nécessairement de la forme :
 +$$a_ne^n(u) + ... + a_0e^0(u) + C$$
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 +Il est peut-être possible d'​arriver au même résultat de différentes façons, où nous récrivons les membres droits de la même manière. Parmi tous ces membres droits possibles, prenons en un tel que $n$ est le plus petit possible. En passant, $n \ge 1$, car sinon il aurait été possible d'​obtenir un résultat uniquement par linéarité en partant de $u$ et de séries convergentes,​ ce qui signifie que $u$ devrait être une série convergente.
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 +Montrons par l'​absurde que $a_0 \not= 1$. Nous obtenons donc l'​équation $u = a_ne^n(u) + ... + a_1e^1(u) + e^0(u) + C$. Comme $e^0(u) = u$, nous pouvons soustraire $u$ des deux côtés de l'​équation pour obtenir que $a_ne^n(u) + ... + a_1e^1(u) + C = 0$. Nous avons deux cas possibles :
 +  * Si $a_n + ... + a_1 = 0$ alors en appliquant la stabilité nous avons que $(a_n + ... + a_1)\ell + C = 0$ donc la série convergente vaut $0$. Ainsi, l'​équation $u = a_ne^n(u) + ... + a_1e^1(u) + e^0(u) + C$ donne que $\ell = 0 \times \ell + \ell + 0$, ce qui ne renseigne en rien sur la valeur de $\ell$. Or, c'​était cette équation qui était censé nous donner un résultat. D'où une contradiction.
 +  * Si $a_n + ... + a_1 \not= 0$ alors au moins l'un des $a_i$ est non nul. Soit $k$ le plus petit des $i$ tel que $a_i$ est non nul. Ainsi, nous obtenons une équation de la forme $a_ne^n(u) + ... + a_ke^k(u) + C = 0$ avec $k \ge 1$ et $a_k \not= 0$. Donc $e^k(u) = \frac{a_n}{a_k}e^n(u) + ... + \frac{a_{k+1}}{a_k}e^{k+1}(u) + \frac{C}{a_k}$. En notant $u' = e^k(u)$ et $C' = \frac{C}{a_k}$ nous obtenons une nouvelle équation :
 +$$u' = a_{n-k}e^{n-k}(u'​) + ... + a_1e^1(u'​) + C'$$
 +Or, par stabilité $u' = u$, donc cette équation permet d'​obtenir le résultat avec seulement $n-k < n$ applications de $e$, ce qui contredit la minimalité de $n$.
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 +(//Edit du 13/09 :// En faisant remonter $e^k$ au dessus des séries convergentes et de la linéarité,​ cela revient à dire que $e^k(u - (a_{n-k}e^{n-k}(u) + ... + a_1e^1(u) + C)) = 0$, donc en supposant que $e(v) = 0 \Rightarrow v = 0$, nous avons bien $u = a_{n-k}e^{n-k}(u) + ... + a_1e^1(u) + C'$, et c'est cela qui contredit la minimalité de $n$.)
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 +D'où $a_0 \not= 1$, et nous pouvons((Il n'est pas possible d'​utiliser le même argument pour contredire la minimalité de $n$ à cause du $u$ au lieu du $0$ dans le membre de gauche.)) récrire l'​équation :
 +$$u = a_ne^n(u) + ... + a_1e^1(u) + a_0e^0(u) + C$$
 +$$(1 - a_0)u = a_ne^n(u) + ... + a_1e^1(u) + C$$
 +$$u = \frac{a_n}{1 - a_0}e^n(u) + ... + \frac{a_1}{1 - a_0}e^1(u) + \frac{C}{1 - a_0}$$
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 +Dit autrement, en renommant les variables et en récrivant l'​équation :
 +$$u = a_ne^n(u) + ... + a_1e^1(u) + C$$
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 +Ainsi, une telle suite est bien définie par récurrence linéaire. Il ne reste qu'à montrer par l'​absurde que $a_n + ... + a_1 \not= 1$. En effet, si $a_n + ... + a_1 = 1$ alors par stabilité $\ell = 1 \times \ell + C$ donc $C = 0$. Nous avons donc uniquement $\ell = 1 \times \ell$, ce qui ne permet en rien de trouver le résultat. Or, c'​était cette équation qui était censée nous donner le résultat. D'où la contradiction attendue.
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 +**Ainsi, à moins d'une erreur dans mon raisonnement,​ les séries divergentes sommables de façon unique par linéarité,​ stabilité et régularité sont précisément les suites définies par récurrence linéaire non barycentriques à une série convergente près.**
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 +//Notez que je restreins les moyens utilisables,​ car pour moi la question est de pouvoir caractériser l'​ensemble des séries divergentes donnant des valeurs cohérentes en utilisant exactement ces trois règles. L'​appel constant au constructivisme de la réponse peut cependant surprendre, et je serai ravi d'en discuter dans les commentaires de la vidéo ;)//